Le philosophe Socrate disait : « La chute n’est pas un échec. L’échec c’est de rester là où on est tombé ». Tout tient en cela : l’attitude que l’on adopte face à une situation considérée comme un raté, un échec. Voici donc ainsi formulé le point de départ de notre réflexion. Du point de vue du Wiktionnaire, l’échec peut se définir comme un revers momentané dans une entreprise. Entendons par là le fait de ne pas réussir ou faire succès dans une action ou un projet mené(e). L’échec scolaire est un phénomène auquel sont confrontés les apprenants pour de multiples raisons autant pédagogique que pécuniaire, sanitaire ou sociale qui fait sans doute de nombreuses victimes. Aussi, sommes-nous en droit de nous questionner sur les causes immédiates et lointaines de l’échec scolaire, ses répercussions dans le processus d’apprentissage d’un individu et ses potentielles sorties.
1- Les raisons de l’échec scolaire
La problématique de l’échec scolaire est un sujet équivoque qui aujourd’hui encore laisse dans une profonde ambigüité. Pour commencer, rappelons-le, l’échec scolaire est le résultat de l’insuffisance en termes de capacité, de potentiel d’un apprenant dans la réussite de sa formation. Bien qu’au Gabon comme l’affirme Honorine Ngou dans le numéro 105 de la revue Notre Librairie : « le taux de scolarisation est le plus élevé d’Afrique », on enregistre 30% de redoublement, 34,62% d’abandon au primaire ; 67% d’abandon au premier cycle du supérieur (selon l’article de Debout Peuple Libre : Gabon : la fabrique de l’échec mis à jour le 19 Avril 2021). Parmi les causes de l’échec
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- Le laxisme au sein de la cellule familiale : les parents sont les garants de l’éducation de leurs enfants et se doivent de les accompagner par tous les moyens possibles. L’école ne suffit pas à consolider les savoirs, il faut que les enfants étudient et s’exercent sous le regard avisé de leurs parents.
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- L’insuffisance quantitative et qualitative des formateurs ou enseignants : faut-il se l’avouer, la ressource humaine en termes d’éducation au Gabon est encore à faire. Il y a dans les établissements un manque désolant de personnel éducatif qui ne favorise pas l’apprentissage rigoureux des apprenants les conduisant à trainer derrière eux des lacunes importantes dans certains domaines d’étude.
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- La sexualité précoce, l’alcoolisme et les réseaux sociaux : on remarque aujourd’hui que les jeunes individus sont davantage préoccupés par tout sauf leurs études, se livrant ainsi aux plateformes toxiques à leur santé intellectuelles
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- Les compagnies ou fréquentations douteuses : comme le dit le dicton : les mauvaises compagnies corrompent les bonnes mœurs. Alors, c’est aux apprenants de choisir avec minutie les personnes qui constituent leur intimité pour éviter de se dire plus tard « si je savais… ».
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- Le système éducatif qui dans ses racines comprend des dysfonctionnements qui ne permettent pas une véritable égalité des chances et un climat propice aux études de qualité. On peut notamment songer aux moyens d’accompagnement financiers qui sont encore utopiques dans le paysage national
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- Le harcèlement : dans les établissements, pour de multiples raisons, les apprenants sont sujets aux harcèlements dans toutes leurs formes : verbale (il y a des enseignants qui s’évertuent à traiter les individus dont ils ont la charge de tous les noms, comportement anti pédagogique qui a pour conséquence de créer chez le concerné certains complexes) ; physique (certains élèves se prenant pour les dominants s’amusent par un système de bizutage à faire subir des sévices corporels à leurs camarades. A eux s’ajoutent les enseignants qui s’identifient en véritable Don juan auprès de ces apprenants désarmés) ;
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- La pauvreté : l’on sait bien que l’éducation à son prix et que même avec toute la volonté possible, on ne peut aller bien loin quand il n’y a pas à disposition les moyens de base pour financer la formation.
2- Les Conséquences
Comme tout phénomène, celui de l’échec scolaire admet des conséquences désastreuses autant pour l’individu que pour la société dans laquelle il évolue. On note entre-autre :
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- La perte de l’estime et de la confiance en soi : l’individu se mettra dans la posture d’un incapable, d’un bon à rien car rencontrant des difficultés à avancer et atteindre ses objectifs tant personnels qu’individuels
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- L’abandon : il est la manifestation la plus immédiate de l’échec car l’apprenant se sent en proie à un découragement profond
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- Les redoublements répétitifs qui rendent la formation lente et pénible
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- Le manque de qualification qui entraîne le chômageet avec lui, la délinquance et la hausse du taux de pauvreté
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- Le suicide dans des cas exceptionnels
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- Des troubles de la personne
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- La baisse économique d’un pays et au-delà son incapacité à compétir à l’international
3- Pistes de solution pour y remédier
Si l’échec se présente à l’image d’une tumeur incurable, il semble tout de même y avoir un diagnostic afin d’aider les apprenants à se prendre en main et à répondre favorablement aux enjeux scolaires actuels. Pour espérer une nette diminution du taux d’échec au Gabon, il faut :
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- Répondre à la crise d’enseignants que connait les établissements
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- Veiller au suivi rigoureux tant pédagogique que psychologique des apprenants
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- Adapter les méthodes d’enseignement à tous les niveaux de compréhension
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- Instaurer des mesures d’accompagnement extra classe pour permettre la mise à niveau des apprenants présentant des difficultés cognitives
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- Créer des structures permettant d’accompagner de diverses façon les individus en situation disqualifiantes.
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- Construire des centres de formation pluriels qui accompagneront les jeunes désireux de se réorienter
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- Améliorer la performance qualitative du corps enseignant
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- Réguler par des lois fermes et des contrôle régulier l’accès des apprenants aux lieux de divertissement
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- Voter des lois correctives et préventives aux harcèlements
Pour conclure, l’échec comme la réussite sont un état d’esprit et une décision. Il ne tient qu’à nous de nourrir notre esprit de cette belle citation de Nelson Mandela : Je ne perds jamais, soit je gagne, soit j’apprends.
Clarisse MABITI, Etudiante de Master I au Département de Littératures Africaines, Parcours Littérature Gabonaise (UOB) et Ecrivaine Gabonaise.